Giordano Bruno, 1548-1600. - Partie 2

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La clairvoyance de Giordano Bruno

Héliocentrisme, infinité de l'Univers et pluralité des mondes !

Dans ces parutions, Giordano Bruno fait preuve d’une grande audace, et également d’une grande clairvoyance. Sa conception du monde y apparaît comme révolutionnaire, voire visionnaire. Il soutient en effet les thèses coperniciennes (héliocentrisme), il dépasse même son idée en affirmant : « L’Univers est infini, peuplé d’une multiplicité de mondes analogues au nôtre ». Bruno ira même plus loin que Copernic, en affirmant que la sphère des étoiles fixes n’existe pas, mais que ces étoiles ne sont ni plus ni moins que des soleils ! Il pressent que l’Univers est en mouvement, composé de mondes clos indépendants les uns des autres. Bruno, de part son intuition et sa logique, est un précurseur de l’astronomie moderne. Néanmoins, il reste pétri des croyances de son époque (alchimie, magie, etc …), il pense par exemple que la matière possède une âme sensible.

héliocentrisme

L’année d’après, il sort trois nouveaux livres qui approfondissent encore un peu plus ses idées et positions : Spaccio de la Bestia Trionfante (L’expulsion de la bête triomphante, œuvre ouvertement anti-calviniste et catholique), Cabala del cavallo Pegaseo (La cabale du cheval de Pégase, œuvre anti-Aristote), et enfin De gl’heroici furori (Les fureurs héroïques, oeuvre contre l’idée de centre du monde et de présence de Dieu).

bruno et copernic

oeuvres2

Giordano Burno dans la ligne de mire de l'Inquisition

Dénoncé à la Ligue Catholique

Malheureusement pour Bruno, l’obscurantisme et l’inquisition régnant à cette époque se durcit encore un peu plus, et son retour dans la capitale française voit sa position se détériorer. En effet, en ces temps où les rois sont soumis à l’autorité du Vatican, Henri III ne peut se permettre d’avantage d’apporter son soutient à un révolutionnaire de la pensée et du savoir, jugé comme hérétique. Un incident vient se rajouter à cette méfiance envers Bruno : Le géomètre Mordante accuse Bruno de vouloir s’accaparer l’invention du compas différentiel (précurseur du compas de Galilée). En effet celui-ci n’écrit pas le latin, et Bruno se propose donc de publier à sa place pour annoncer la découverte. Mais Bruno s’empare de l’idée pour l’améliorer et lui donner une utilité d’ordre métaphysique. Il publie donc un ouvrage dans lequel il ridiculise et insulte Mordante qui s’est contenté de découvrir les aspects scientifiques et géométriques de son invention, sans avoir eu l’ingéniosité de mettre à jour les applications ésotériques et magiques du compas ! Mordante enrage à la lecture de la publication, et rachète tous les exemplaires en jurant de se venger. Il dénonce donc l’hérétique à la Ligue Catholique qui se met immédiatement en chasse. L’affaire est grave, et le penseur doit de nouveau s’exiler …

Nouvel exil, et nouvelle excommunication

Il se rend donc en Allemagne, où les universités de Marbourg, puis de Wittenberg vont l’accueillir. Il intègre ainsi la communauté luthérienne.
Remerciant ses hôtes, il dit : « Vous avez permis à un étranger, à un homme qui n’appartenait pas à votre religion, d’enseigner en public. Vous l’avez autorisé à être simplement un ami de la sagesse. Vous ne l’avez pas empêché d’exposer des opinions, même lorsqu’elles étaient contraires aux doctrines reçues par vous ».
Pourtant, au bout de deux ans, fidèle à lui-même et à son esprit rebelle, Bruno se heurte violemment à sa hiérarchie, et il se fait une nouvelle fois excommunier par le pasteur de l’église luthérienne.
Cette vie d’exil l’emmène cette fois à Helmstadt, Francfort, mais toujours en Allemagne. La fuite ne l’empêche pas d’être productif, puisqu’il écrit de nouveau 4 livres où il développe sa pensée sur l’astrologie, l’influence des astres et de leurs symboles :
De innumerabilibus, immenso, et infigurabili (les fondations de sa cosmographie), De monade numero et figura (mathématiques et géométrie, il établie une corrélation entre nombres et figures géométriques), De triplici minimo et mensura (réflexions sur l’infiniment petit, les atomes), De imaginum, signorum et idearum compositione (méthode mnémotechnique).

oeuvres de giordano bruno

mot

Le conflit de trop ...

A la suite d’une N-ième expulsion, Giordano Bruno se voit proposer en 1591 l’invitation d’un praticien, Giovanni Mocenigo. Bruno accepte et retourne finalement en Italie, à Venise, dans l’intention finale d’obtenir la chaire de mathématiques de Padoue, libre depuis 1588 (l’histoire voudra que cette chaire soit finalement attribuée à Galilée, qui se verra lui aussi intenter un procès pour hérésie, 33 ans après celui de Bruno) … Malheureusement, il se rend compte que Mocenigo l’a fait venir pour lui enseigner la mnémotechnique et l’art d’enseigner la magie, ce qui le déçoit terriblement. Il finit par accepter mais il entre rapidement en conflit avec son hôte. Si Bruno estime que sa présence est déjà un honneur pour Mocenigo, ce dernier estime lui qu’il n’en a pas pour son argent. Voulant repartir, Giordano froisse son hôte. Celui-ci, déjà choqué par les positions peu cléricales de Bruno, décide de l’emprisonner pour le soumettre, mais devant le refus du rebelle penseur, il enrage et le dénonce à l’inquisition vénitienne, le 23 Mai 1592.

Tribunal de l'Inquisition : le procès de Giordano Bruno

Giordano Bruno va alors se retrouver seul face au Saint Office, qui ouvre un procès à son encontre pour hérésie. Ce procès devra durer 8 ans.

tribunal de l'inquisition

Un premier procès le blanchi

Le premier chef d’accusation porte sur les positions théologiques jugées hérétiques de l’accusé, à savoir sa pensée anti-dogmatique, son rejet de la transsubstantiation (que le Concile de Trente vient de confirmer), son rejet de la Trinité, son blasphème contre le Christ, son rejet de l’immaculée conception. L’accusation relève rapidement les activités philosophiques et scientifiques : pratique de l’art divinatoire, croyance en la métempsycose, vision cosmologique révisionniste. Bruno se défend bec et ongles, de façon habile, jouant parfois la comédie, feignant un certain repentir sur des points minimes. Grâce à son habileté, les tribunaux vénitiens le blanchissent.
Malheureusement, son passé d’apostat le rattrape et la Curie romaine obtient son extradition en 1593, après que le Pape lui-même soit intervenu auprès du doge (procédure tout à fait exceptionnelle). Il se retrouve alors dans les geôles du Vatican.

Deuxième procès inquisiteur

Giordano Bruno soumis à la torture pour abjurer

10 nouveaux chefs d’accusation sont ajoutés à son procès. Un procès interminable s’ensuit alors, ponctué d’une vingtaine d’interrogatoires dirigés par le Cardinal Robert Bellarmin (qui instruira également le procès de Copernic en 1616) où on lui administrera à plusieurs reprises la torture. Il lui arrive dans ces moments de se rétracter, mais il se reprend aussitôt. Il considère que le procès qui lui est fait par la Sainte Inquisition est caduque car ses pensées sont d’ordre philosophique et non théologique. Il dit également à propos de son attachement à la magie : « Le roi Henri III me fit appeler un jour, et me demanda si cette mémoire que je possédais et que j’enseignais était une mémoire naturelle ou si elle était obtenue par la magie, je lui démontrais qu’elle n’était pas obtenue par la magie mais par la science ».

torture

cardinal et pape

Giordano Bruno, jugé hérétique, condamné à périr brûlé vif sur le bûcher

Le Pape Clément VIII voulant en finir rapidement, exhorte Bruno à la soumission et au repentir, mais le philosophe astronome réplique : « Je ne crains rien et je ne rétracte rien, il n’y a rien à rétracter et je ne sais pas ce que j’aurais à rétracter ». Devant l’obstination de l’accusé, le Pape ordonne au tribunal de l’inquisition de prononcer son jugement, le 20 Janvier 1600. Condamnation qui est sans appel, puisque Giordano Bruno est condamné au bûcher.
Le condamné commente cette sentence par : « Vous éprouvez sans doute plus de craintes à rendre cette sentence que moi à l’accepter ».
Giordano Bruno est donc supplicié sur le bûcher, ce 17 Février 1600, sur le Campo Dei Fiori. Dernier soubresaut d’orgueil et de rébellion, il refuse le crucifix qu’on lui tend.

bûcher

memorial

Bibliographie de Giordano Bruno :

statue giordano bruno

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